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lundi 26 décembre 2011

Combien d’affaires faudra-t-il à France Télévisions?

Combien d’affaires faudra-t-il à France Télévisions?

Il y a deux mois de cela, « Le Monde » publiait une tribune de Dominique Fournier, ancien directeur des programmes et de l'antenne de TV5 et ancien directeur délégué de l'action culturelle à France Télévisions, intitulée : « Le service public à la dérive, une télévision décérébrée ».

Dominique Fournier interpellait Frédéric Mitterrand Ministre de la culture et de la communication, en lançant un S.O.S. « Devant ce ratage absolu, allez-vous rester silencieux ? Quel geste allez-vous faire, quelle parole allez-vous prononcer pour que cesse cette dérive, autrement plus grave que celle que vous avez connue et dénoncée spectaculairement par le passé ? [alors animateur, il mettait voilà une vingtaine d’années, son « Sept d’or » à terre – récompense obtenue dans le cadre d’une émission de télé publique – « là où se trouvait le service public » disait-il]

« L'échec est total, au point même que Nicolas Sarkozy s'inquiète…» écrit-il encore.

Ce n’est effectivement pas le Ministre qu’aurait dû apostropher Dominique Fournier qui n’est pas responsable de la nomination de Rémy Pflimlin à la tête de la télévision publique mais bel et bien le Chef de l’État !

L’ex directeur qui explique « qu’ il y a de quoi s’indigner sur la dérive du service public de télévision avec la nouvelle équipe mise en place par Rémy Pflimlin, le président de France Télévisions, nommé l'an passé par le président de la République, qui a fait disparaître l'essentiel des émissions à caractère culturel » demande au Ministre à quoi « est dû son étrange silence. »

La critique contre Rémy Pflimlin ne s’arrête pas là. Dominique Fournier ajoute : « Au su des responsabilités que M. Pflimlin exerce dans diverses institutions culturelles, on aurait pu attendre mieux de lui en tant que président de France Télévisions. Peu soucieux des contenus, il semble qu'en arrivant à la tête des chaînes de service public, son objectif principal et son obsession prédominante furent de tenter d’augmenter les parts de marché. [sans aucun succès, c’est bien le moins qu’on puisse dire, les audiences n’ont jamais été aussi basses]».

Et de fustiger ainsi la politique de Rémy Pflimlin, qui se résume selon lui à "tout sauf la culture et place aux jeunes…" en enfonçant le clou avec un lapidaire « Il ne suffit pas d’écarter de l’antenne bon nombre d'animateurs qui ont donné une image de marque et une identité à France Télévisions, et de les remplacer à la va-vite, pour que d'un seul coup un public nouveau vienne regarder les chaînes de France Télévisions ».

Pourtant, il ne s’agit là que des aspects éditorial et organisationnel catastrophiques mis en avant par l’auteur de cette tribune. L’aspect « moral et éthique » est totalement absent.

Dominique Fournier doit vraisemblablement avoir toujours à l’oreille les différentes interventions de Nicolas Sarkozy qui n'avait pas de mots assez forts pour en appeler à une "République irréprochable" et à la "moralisation" des pratiques politiques…en reconnaissant dès juillet 2010 "Trop de mauvais habitudes ont été prises. Ces mauvaises habitudes, il faut y mettre un terme".

En septembre 2010, fort de ce constat, il allait même mettre en place une commission de réflexion sur la prévention des conflits d'intérêts, sous la présidence de Jean-Marc Sauvé, vice-président du Conseil d'Etat qui remettait au chef de l'Etat, le 26 janvier, un rapport intitulé "Pour une nouvelle déontologie de la vie publique" formulant un ensemble de recommandations destinées à prévenir les conflits d'intérêts et, le cas échéant, à les sanctionner.

« Les dirigeants d’entreprises publiques devaient faire preuve de la même exemplarité que les Ministres », expliquait alors le Président de la République au moment où l'affaire Woerth-Bettencourt défrayait la chronique et où ce dernier quittait le gouvernement.

La télévision publique serait-elle exemptée de telles obligations ? Certes, il existe déjà tout un tas de dispositions légales à commencer par les procédures obligatoires d’appels d’offres ou encore l’interdiction pour tout responsable d’avoir soi-même ou par personnes interposées des liens de nature à compromettre son indépendance…faudrait-il encore qu’elles soient respectées !!!!

Alors que la crise économique et financière frappe le pays de plein fouet, comment le dirigeant d’une entreprise publique, interrogé sur l’enquête préliminaire que le Parquet de Paris sous la conduite du procureur Nicolas Baietto a confiée à la brigade de répression de la délinquance économique (BRDE) suite à la plainte déposée en juillet pour « favoritisme et prise illégale d'intérêt », peut-il désavouer à ce point Nicolas Sarkozy en déclarant au Monde : « Sur un budget qui fait 3 milliards d'euros, des contrats de quelques milliers d'euros ce n'est pas un sujet » ?

Combien d’affaires faudra-t-il à France Télévisions pour que le Chef de l’Etat agisse ?

- la plainte pour favoritisme et prise illégale d'intérêt déposée par la CGC à l'encontre de responsables de France télévisions et de consultants officiant pour le groupe (LLA nº1506) pour laquelle le procureur Nicolas Baietto a donc demandé une enquête préliminaire, confiée à la brigade de répression de la délinquance économique (BRDE).

- la perquisition dans l’enceinte même de France Télévisions par les services de police dans le cadre d’une instruction judiciaire sur fond de marchés immobiliers [une première en la matière] qui forçait l’entreprise à publier un communiqué niant toute implication : « En l'état, ni l'entreprise ni aucun de ses membres ne sont poursuivis » [la aussi une première en la matière]

- la plainte faite au Procureur de la République pour les infractions de vol, dommages à la propriété et la violation de domicile, dans le cadre de la mise à sac des locaux syndicaux rue Varet.

- le mépris des dispositions légales en matière d’exclusivité et particulièrement le viol des dispositions contractuelles conventionnelles s’agissant des « intérêts croisés » interdisant à tout responsable d’avoir soi-même ou par personnes interposées des liens de nature à compromettre son indépendance…

- la nomination de Murielle Charles-Beretti, femme du pédégé de la boîte de conseil en management Altédia Pierre Beretti qui travaille pour France Télévisions, nomination faite en flagrante violation de la loi puisque plus précisément de l'article III-6 de la Convention Collective de l'Audiovisuel Public qui a force de loi.

- le CDD de Carolis ex PDG déjà revenu comme producteur "des Racines et des Ailes" via sa boîte ANAPROD,

- le retour de l’ex DG son bras droit Patrice Duhamel

- dernière en date, une plainte pour « détournement de fonds publics, complicité et recel » que pourrait déposer la CGC au cas où les questions qu’elle a posées en fin de semaine dernière resteraient sans réponse et surtout au cas où ces dernières ne feraient l’objet en interne ni d’une indispensable enquête, ni d’aucune mesure conservatoire en fonction des résultats !

et ce n’est pas fini… !

Chaque jour qui passe amenant son flot de révélations et de dossiers qui sont inadmissibles dans toute entreprise de service publique où les deniers des contribuables sont en jeu et surtout lorsque ceux-ci représentent 3 milliards d’euros par année, combien en faudra-t-il encore pour ce que Dominique Fournier qualifiait « d’échec total et de dérive du service public » s’arrête net ????

Personne ne pourra prétendre regarder ailleurs et dire après qu’il n’imaginait pas ou ne savait pas !

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