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vendredi 24 avril 2015

France télévisions : « la désignation de la remplaçante de Pflimlin à France Télévisions est une mascarade et un fiasco »…

Faut-il parler d’une « désignation » en fin de compte ? Pour Francis Guthleben qui écrit dans « Le Plus » de l’Obs, la réponse est NON mille fois NON !
 
Le journaliste-Consultant média qui se fait fidèlement l’écho de différents articles du blog CGC Média, répond clairement : « Cette désignation est un fiasco total ».
 
Pour Francis Guthleben, auteur du livre "Scandales à France Télévisions", le mandat du successeur de Remy Pflimlin commence mal. Peut-être plus mal que jamais.
 
Explications.
« La nouvelle présidente de France Télévisions a été mal élue ! Remy Pflimlin a porté une tache pendant les cinq ans de son mandat, la tâche d’avoir été nommé par Nicolas Sarkozy.
 
La nouvelle présidente de France Télévisions porte, elle, de multiples taches.
 
Entre gaffes involontaires des uns et manœuvres en coulisses des autres, tout aura été fait dans cette procédure pour ternir son image avant même qu’elle ne soit installée dans son fauteuil. 
 
Jamais au grand jamais on aura vu une telle pagaille, une telle opacité, un tel manque de sérieux et je dirai même un manque d’honnêteté intellectuelle dans la nomination d’un nouveau patron de la télévision publique. 
 
Le fiasco de l’État et de l'exécutif
 
François Hollande voulait faire mieux que Nicolas Sarkozy. Il fait pire. On se souvient tous de son anaphore dans les jours qui ont précédé l’élection présidentielle de 2012 :

"Moi président de la République, je n'aurai pas la prétention de nommer les directeurs des chaînes de télévision publique, je laisserai ça à des instances indépendantes."

Dix-huit mois plus tard, en novembre 2013, il a effectivement fait modifier la loi sur l’audiovisuel pour redonner au Conseil supérieur de l’audiovisuel la prérogative de nommer le PDG de France Télévisions.
Mais les événements de ces dernières semaines… sont un fiasco du pouvoir exécutif, un fiasco du Conseil supérieur de l’audiovisuel et un fiasco pour le nouveau président de France Télévisions. 

L’État, avec François Hollande en tête, n’aura pas pu s’empêcher de se mêler de la présidence de France Télévisions. Adieu les belles intentions, bonjour le principe de réalité et la synchro sainte ingérence.  

Hollande avait une préférence pour Saragosse 

Depuis des mois, Fleur Pellerin soutenait en coulisse Didier Quillot, ancien directeur d'Orange France et de Lagardère Active, qui au final ne figurait même pas sur la short-list des prétendants qui ont eu le privilège d’être auditionnés par le CSA. Et comme si cela ne suffisait pas, au nom de la "Woman power", Fleur Pellerin aurait aussi adoubé Delphine Ernotte. 

François Hollande, de son côté, avait, c’est maintenant de notoriété publique, une préférence pour Marie-Christine Saragosse, PDG de France Media Monde.

Parce qu’elle a été recalée avant même le stade des auditions, le président de la République s’est mis en colère et a voulu intervenir. 

C’était le 15 avril. La scène est racontée par Renaud Revel dans "L’Express". Le président de la République est allé jusqu’à envisager de contacter le président du CSA afin que Marie-Christine Saragosse soit réintégrée dans la liste des finalistes.

C’est en fait la suite logique des agissements qui ont éclaté au grand jour lors des troubles qui ont secoué Radio France ces dernières semaines. Parce que Mathieu Gallet ne convient pas au pouvoir en place, Fleur Pellerin était à la manœuvre pour le faire tomber. Et bien évidemment, elle a agi sous les ordres du Château.

Le CSA a contribué à la mascarade 

Si le président de Radio France a résisté jusque-là, il n’a en revanche plus grand pouvoir. Un médiateur a pris le relais, y compris pour finaliser le contrat d’objectifs et de moyens avec l’État.

La solution voulue par Nicolas Sarkozy en 2009 s’appuyait sur un principe simple et clair : celui qui paye, dirige. L’État finançant l’audiovisuel public, c’est lui qui choisit les dirigeants. François Hollande voulait plus d’élégance, plus d’indépendance, mais au lieu de cela, ce fut un bal masqué.

Le Conseil supérieur de l’audiovisuel a contribué à la mascarade, soit par naïveté, soit par calcul. 

Premier épisode : il a annoncé que les noms des candidats allaient rester secrets, au motif puéril de ne pas gêner les prétendants dans la suite de leur carrière professionnelle. Ainsi, jamais la liste des 33 candidats n’a été officiellement connue. 

Deuxième épisode : les "finalistes" ont été auditionnés les 21 et 22 avril. Et là, pas de nom, pas d’audition publique, pas de nombre précis. A priori, ils étaient sept. Mais ce n’est qu’une supposition.

Le secret ouvre toujours la porte au doute, à la suspicion et à l’hypothèse d’intrigues.

Le CSA n’avait le droit ni d’ignorer cela, ni de prendre le risque de se discréditer. Pourtant, il a commis cette double faute. 

Un choix qui s'est fait en catimini 

Même Rachid Arhab, membre du CSA jusqu'en 2013, a déclaré le 20 avril sur Radio Classique : "Je trouve dommage que cette procédure manque de transparence et se fasse quasi en catimini". 
 
Par exemple : dans le cadre d’une audition publique, Rémy Pflimlin aurait-il osé dire comme le rapporte la "Lettre de l'Expansion" qu’il est prêt à sacrifier Bruno Patino et Thierry Thuillier, deux de ses plus proches collaborateurs, pour espérer obtenir sa reconduction ? 

On en apprend tous les jours et cela n’est sans doute pas prêt de s’arrêter. Ainsi, au début de la procédure de désignation du président de France Télévisions, Olivier Schrameck, président du CSA aurait reçu secrètement Delphine Ernotte ! 

Troisième épisode : le CSA s’est précipité. Deux heures d’audition par candidat en deux jours, et dans la foulée, sans temps de réflexion, un premier tour de scrutin le 22 avril en fin d’après-midi. Il a donné quatre voix à Delphine Ernotte, trois voix à Pascal Josèphe et une voix à Rémy Pflimlin. Pour lui, une bonne âme s’est dévouée pour que l’humiliation ne soit pas totale. 

La suite, on la connaît, comme si au final le CSA réalisait ses bévues, voulait se débarrasser d’un sujet qui lui brûle les doigts et souhaitait éviter de nouvelles pressions. 

Un manque évident de transparence 

Autre hypothèse : comme il l’avait fait pour Mathieu Gallet, venu des cabinets de droite, il a voulu faire un coup ! Le seul fait que l’on puisse se perdre en conjectures est le signe que cette élection n’est pas claire. 

En 2010, lors de la précédente désignation du président de France Télévisions, une audition publique avait eu lieu, en présence de la presse, retransmise sur le site du CSA, sur celui de France Télévisions et sur Public Sénat. 

Michel Boyon, président du CSA, avait alors expliqué que ce choix avait été fait "dans un objectif de transparence pour que chacun puisse connaître et comprendre les modalités de désignation du président de France Télévisions et que chacun puisse être informé des projets du candidat".

On ne comprendra jamais pourquoi ce principe élémentaire, civique et de bon sens n’a pas été reconduit. Michel Boyon avait aussi rappelé: "Le choix du président de France Télévisions par le président de la République nécessitait un accord du CSA et qu’il existe un droit de veto au profit des commissions parlementaires." 

Un concours de lobbying 

Ainsi, sous Nicolas Sarkozy, époque jugée honteuse par la gauche, les Français pouvaient écouter pendant deux heures le projet de Remy Pflimlin pour France Télévisions. 

Cinq ans après avec François Hollande, les Français n’ont plus eu droit à aucune information et le président de France Télévisions a été choisi par le CSA, seul et dans le secret. 

Dans "La Nouvelle Edition" de Canal Plus, Didier Quillot a d’ailleurs déclaré le 20 avril : "Cette procédure n’est pas un concours de projets, c’est un concours de beauté." 

Ce fut aussi un concours de lobbying. Delphine Ernotte, par exemple, était entourée de David Kessler, ancien conseiller à la culture de François Hollande ; Xavier Couture, ancien dircom et conseiller d’Orange ; de Denis Pingaud qui avait déjà conseiller Mathieu Gallet pour son arrivée à Radio France et d’Anne Hommel qui s’était occupée de la communication de crise de DSK.

Avec tout cela, il ne manquerait plus qu’un recours soit introduit devant le Conseil d’État, pour que le scandale soit complet. 

Une injure faite aux Français 

Il y a là une injure faite aux Français qui payent la redevance et qui ont le droit de savoir comment leur argent sera utilisé les cinq prochaines années. Car voilà un nouveau président pour France Télévisions qui va insuffler, on l’espère du moins, une nouvelle dynamique à la télévision publique sans que ses intensions ne soient connues du grand public.

Dans quelle sombre république bananière sommes-nous tombés ? Pourrait-on imaginer le moindre candidat à un quelconque mandat qui ne rend pas public son projet ?

Pourrait-on imaginer ailleurs que dans l’audiovisuel public français un haut responsable choisi par huit pseudo sages retranchés dans une tour ?


Un autre candidat non retenu, Emmanuel Goût, a écrit fort justement : 

"Quelle occasion gâchée d’un véritable débat sur l’avenir du service public de télévision ! (…) Il aurait été utile de connaître des visions, ambitions et projets nouveaux pour revivifier ce grand service public. Un grand service qui aujourd’hui végète et n'existe en tant que "public" qu'aux yeux de ceux qui le régulent - au mieux le contraignent -, de ceux qui - fournisseurs en tout genre et politiques - croient en être propriétaires et s’abritent sous le parapluie de l'Etat pour le traire comme une vache à lait." 

Un déficit de confiance immédiat 

L’absence d’informations sur les projets du nouveau président est aussi terriblement regrettable pour les 10.000 salariés de France Télévisions.

Il y a quelques mois, le rapport Vacquin avait mis en évidence leur détresse face à l’armée mexicaine de dirigeants, leurs pertes de repères face à l’absence de projets stratégiques ambitieux, leur désœuvrement face aux changements incessants de cap, leur inquiétude face à la situation financière plus que délicate de l’entreprise. Et les voilà dirigés par un nouveau président dont ils ne savent rien encore.

Le déficit de confiance est évident et immédiat. Car on ne conduit pas France Télévisions comme n’importe qu’elle autre entreprise.

D’abord parce que c’est une entreprise de service public, ensuite parce qu’il s’agit entreprise culturelle, enfin parce que même si la cogestion n’est pas de mise, le sentiment des salariés que France Télévisions est un bien commun est si fort qu’on ne peut imaginer une gestion qui ne tienne pas compte profondément et sincèrement des salariés.

Des journalistes de France Télévisions ont d’ailleurs signé une tribune au vitriol dans "Le Monde" sous le titre "Le règne de l’opacité". 

Il commence l'aventure avec un handicap 

Même si la nouvelle présidente communique dans les heures et les jours à venir ses intentions, le mal est fait. Elle part dans l’aventure de la télévision publique avec un handicap. Et sa position est triplement inconfortable.

Elle sait que François Hollande trouvait que la liste des finalistes dont elle a fait partie était faible. Elle sait qu’elle a été choisie par un CSA qui n’a cessé de se discréditer dans cette procédure et qui, parallèlement, a montré son manque d’étoffe dans la crise à Radio France.
 
Elle sait qu’elle arrive à l’Esplanade Henri de France sans avoir séduit ni les Français, ni les salariés et qu’il devra en plus cohabiter jusqu’à fin août avec Rémy Pflimlin qui n’a pas obtenu le second mandat qu’il convoitait. 

Pour preuve de l’état de suspicion qui existe entre les anciens et les nouveaux présidents, l’un des premiers actes de Didier Quillot, s’il avait été choisi pour diriger l’audiovisuel public, aurait été de réaliser un audit financier afin d’engager une révision du budget 2015 !  

C’est à se demander si les différents acteurs de la télévision publique ne multiplient pas les bourdes et les turpitudes pour justifier leur croyance que France Télévisions est ingérable. 

À moins qu’il ne s’agisse de mettre la nouvelle présidente sur une planche si savonneuse qu’il n’aura d’autre solution que de demander de l’aide à l’État."

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