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jeudi 11 juin 2015

Comptes 2014: France Télévisions, le naufrage se confirme.

Comptes 2014: France Télévisions, le naufrage se confirme.

Tout d'abord au regard des chiffres hallucinants présentés et dont France Télé change opportunément la présentation ces dernières années, le SNPCA-CGC n'a pas exclu, une nouvelle fois de saisir la Justice, cette fois-ci pour insincérité des comptes!
 
Du reste, pourquoi celle que le CSA sortait de son chapeau le 23 avril dernier, a-t-elle immédiatement indiqué vouloir lancer un audit général...A croire qu'elle aurait bénéficié en amont d'une boule de cristal ou d'un training financier ad hoc!
 
De toute façon, au bout du compte ce sont les salariés qui seront les premières victimes - vous savez, ceux que certains syndicats proches de la direction prétendent  défendre alors qu'ils votent année après années les comptes et tout le toutim -  mais aussi les contribuables français dont les poches alimentent chaque année France Télévisions pour près de 3 milliards d’euros et qui devraient continuer d'assister impuissants depuis presque 5 ans, au lent naufrage de la télévisions publique.

Naufrage économique, naufrage humain et naufrage des audiences….Les trois étant finalement peu ou prou liés.
 
Que se passe-t-il donc en 2014 par rapport à 2013 et même 2012 ?
 
En fait, rien de très neuf ou plus exactement si, la situation se détériore encore.
 
Les pertes cumulées depuis l'arrivée de Remy Pflimlin avec aux finances Martin Ajdari de 2010 à 2014 et depuis son départ Fabrice Lacroix , atteignent à présent 206 M€, soit plus de la moitié du capital social de France Télévisions. 
 
Les recettes publicitaires depuis que Pflimlin a recruté à la régie publicitaire Daniel Saada – le nouvel élan – continuent de dévisser de -18 M€ en 2014, tandis que les charges de personnel augmentent, elles, de +15 M€ quand le coût des programmes et productions achetées explosent avec +147 M€ - oui, vous lisez bien -  dans un contexte de déclin des audiences et de plan de départ volontaire du personnel !!!!!

Car c'est une constante remarquée depuis 2010, plan de départs après plan de départs, les effectifs semblent ne jamais baisser contrairement à ce qu’essaie de faire croire Pflimlin et ses lieutenants depuis leur arrivée. 
2014 ne déroge pas à la règle, puisque malgré le départ de 66 personnes - oui, là aussi vous lisez bien -  l'effectif moyen augmente pour atteindre 10.131 ETP, contre 10.121 l'année précédente!
 
Les annonces de Rémy Pflimlin, Patrice Papet, Murielle Charles et consort, affirmant que les effectifs seraient passés sous le seuil des 10.000 (9.000 et quelques) sont donc totalement erronées. C'est une véritable fumisterie.
 
On se souvient du précédent plan qui avait conduit à une embauche de près de 1.000 personnes supplémentaires entre 2011 et 2012, peu de temps après la nomination de Pflimlin par Nicolas Sarkozy.
 
Ceci prêterait à sourire si des milliers de situations individuelles catastrophiques n'étaient pas en cause….Si des CDD, des pigistes, des intermittents n'étaient pas, du jour au lendemain, remerciés et priés de pointer à Pôle emploi, souvent sans indemnités de départ et malgré des années de fidèles et loyaux services.
 
Ces « travailleurs de l’ombre» que l'on ne nomme jamais mais qui font partie de la casse sociale et dont la direction se lave les mains malgré les interviews sur « l’obligation morale » qu’elle dit avoir vis-à-vis de ces CDD historiques.
 
Ce sont eux encore qui ont fait les premiers, les frais du transfert vers le privé des productions internes d'émissions.
 
Ce sont, en plus des 66 permanents du PDV (Plan de Départs Volontaires), 81 non permanents, qui ont quitté le navire. Seulement pour bon nombre d'entre eux, pour percevoir des indemnités pour la rupture du jour au lendemain de leur collaboration, ce sera la case Prud'hommes et des mois voire des années de galère pour obtenir gain de cause. L'année précédente, c'était plus de 350 non permanents interrompus brutalement…malgré les racontars de cette direction. 
 
Là se cache le vrai plan social. Celui qui ne dit pas son nom et qui envoie vers la sortie des gens qui ont cru dans cette entreprise.
 
Leur nombre devient tellement important que la direction se fend d'une remarque laconique et du plus grand cynisme en reconnaissant que « certaines situations sont légitimes » alors qu’elle laisse quand même pourrir une foule de salariés dans des procédures interminables.
La direction de France Télé écrit par exemple "une provision pour litiges liés à des contrats de travail temporaires à hauteur de 28,8 M€ a été comptabilisée. " 
 
Combien d'employeurs laissent aujourd’hui perdurer des procédures qu'ils savent perdues d’avance mais qu’ils indemniseront le plus tardivement possible ?  France Télé est de ceux-là. 
Comment cela se traduit-il ? Par le fait que la direction ne provisionne en charges (donc en résultat) qu'une infime portion des contentieux qu'elle a aux Prud'hommes ou à la Cours d'Appel. 
 
A combien se montent les risques réels ? Personne ne peut le dire mais cela laisse présager d'une petite bombe à retardement pour la suite.
 
Quoiqu'il en soit, si les petits trinquent, il est choquant de remarquer que les effectifs à forte rémunération eux, n'ont cessé de croître. En 2014, ce sont 300 postes supplémentaires très souvent des directeurs de ceci, de cela…par rapport à 2013 et 436 par rapport à 2012. 
 
Les techniciens eux, disparaissent silencieusement de l'entreprise, ils étaient 1.625 en 2012, et ne sont plus que 1.266 en 2014, soit 359 ETP en moins. Pourquoi ?  Parce que la politique d’externalisation à outrance ne cesse de progresser.

Ces chiffres reflètent donc une autre réalité évoquée précédemment: France Télévisions voit sa production propre réduire d'années en années au bénéfice de quelques boîtes de productions privées qui enregistrent toujours plus de chiffre d'affaires. 
 
Cette baisse de l'emploi technique est donc à rapprocher de la formidable hausse du coût des programmes et productions achetées : +147 M€ en un an seulement, et qui atteint maintenant 1,1 milliards d'euros pour la seule année 2014.
 
On comprendra mieux que si l'activité est transférée à l'extérieur de façon si massive (avec l'accord de certains syndicats que se disent « tournés vers l'avenir »), certains parlementaires puissent tousser devant les chiffres de la masse salariale « qui augmente en produisant moins ».
 
Nous sommes face à une équation mortelle pour France Télévisions. Une extériorisation à grande échelle de sa production, doublée d'une désindustrialisation massive de son outil de fabrication. 
 
En d'autres termes, c'est la mort annoncée de cet outil. A ce rythme, il faudrait licencier entre 6.000 et 8.000 personnes d'ici 10 ans pour soutenir le rythme de transfert de production vers le privé. 
 
Ce qui est encore plus navrant, voire pathétique, c'est que ce sont les dirigeants du groupe public qui ont en prime, ces dernières années, fait exploser l'enveloppe de recours aux cabinets, consultants et autres sociétés de conseil  - le volet France Télé Bygmalion qui fait l'objet d'une plainte du SNPCA-CGC et d'une instruction judiciaire menée par le juge Van Ruymbeke en est l'illustration  -  qui ont insinué cette logique mortifère jusque dans l'esprit des Tutelles.
 
Tutelles qui ne comprennent pas pourquoi une entreprise de cette taille emploie tant de monde en recourant autant au privé.
 
C'est avec cette logique que l'on finit par capituler et accepter l'inévitable: faire plan social après plan social. Nulle surprise là encore de voir des notes de Bercy préconiser des suppressions d'emplois…celle de François Miquel révélée par « Le Canard enchaîné » qui prévoyait 1.222 suppressions de postes avec la nouvelle présidence.
 
Un travail de fossoyeur lancinant s'est donc mis en place depuis une décennie avec des présidents nommés à la tête de l'entreprise (issus parfois eux-mêmes de boîtes de productions privées) qui ont préféré favoriser les producteurs privés au détriment de l'outil publicCertains imaginent bien continuer voire accélérer le mouvement.
 
Et tout ça, c’est le contribuable qui paie car c'est avec de l'argent public que se transfère la production vers l’extérieur pendant que l’entreprise vire les techniciens et autres collaborateurs qui produisaient pourtant en interne. 
 
Pendant ce temps, les audiences continuent plonger et de refléter la désaffection du public. Conséquence directe, la publicité ainsi que  l'absence totale de vision stratégique sur le numérique, font basculer les chaînes dans une spirale baissière de recettes depuis 2011. Les recettes pub chutent de 18 M€ en 2014 et de 84 M€ depuis 2012.
 
Sur le plan du patrimoine  de l'entreprise (son actif), là encore comme les années précédentes, celui-ci diminue lourdement reflétant le désinvestissement massif opéré par la direction depuis 5 ans. 
 
L'actif immobilisé chute de 54 M€, tandis que les disponibilités fondent de 48 M€. Il ne reste plus que 35 M€ dans les caisses de France Télévisions fin décembre 2014…ce qui veut dire qu'avec une perte opérationnelle de 81 M€ l'entreprise sera à sec au mieux fin juin 2015.
 
Sauf nouvel emprunt bancaire.
 
Et c'est là que le bât blesse à en rendre prseque « pâlotte » la situation de Radio France en comparaison. Avec 120 Millions de dettes à la fin décembre 2014 et une trésorerie qui devrait être à sec au début de l'été 2015, comment France Télévision va-t-elle emprunter auprès d'une banque 100 à 150 Millions supplémentaires ?
 
Comment emprunter avec un capital social grevé de 206 millions de pertes ?? 
 
Il faudra beaucoup de « persuasion » (et de garanties de l'État) pour obtenir des financements supplémentaires sans de surcroît que Bruxelles n’y mette son nez !
 
A moins que l'on ne demande (encore) à Bercy de financer le trou et de mettre la main à la poche (du contribuable, toujours lui) en augmentant la redevance ? Ou en augmentant sa subvention (mais sera-ce compatible, de nouveau, avec Bruxelles?).  
 
Avec une variation de trésorerie de - 85 millions cette année, comment faire avaler la couleuvre à Bercy ?
 
Le résultat ne se fera pas attendre, on demandera encore du sang et des larmes, et ceux-ci viendront, encore une fois des salariés, sacrifiés sur l'autel du capitalisme de connivence qui sert beaucoup de monde dans l'audiovisuel français.
 
Et les contribuables français assisteraient à cette "privatisation et ce transfert de l'outil public" sans pouvoir faire quoi que ce soit…sans que personne ne s'en émeuve ?! 

Non. Le SNPCA-CGC qui a dénoncé cette faillite a déjà indiqué vouloir combattre ceux qui l'ont entraîné.
 
De la même façon, le SNPCA-CGC  a ajouté vouloir contrer ceux qui rêvent que France Télé ne soit plus qu'un diffuseur. 

 

 

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