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lundi 1 juin 2015

Une plainte du SNPCA-CGC pour les salariés de France Télévisions qui en ont marre de ces petits arrangements entre amis.

Il y a dans la Presse, ce premier jour de juin, deux excellents papiers à glacer le sang qui résonnent en écho l'un avec l'autre sur des pratiques dans l'Audiovisuel public que beaucoup pensaient - à tort - révolues mais qui visiblement perdurent!

Il y a celui de "l'Express" signé Renaud Revel qui dans sa rubrique "Immédias" publie un article intitulé  "L’affligeant silence du PS dans l’affaire Ernotte" ( *en bas de post)

Il y a également celui de Médiapart signé Laurent Maudit "Pourquoi la télévision publique a-t-elle passé sous silence le scandale Ernotte ?" ( ¤ en bas de post)

Le SNPCA-CGC par le dépôt d'un recours judiciaire en deux volets, va tenter de prouver à ces deux journalistes mais plus largement aux salariés de France Télévisions qui en ont marre de ces petits arrangements entre amisque le courage paie toujours. A "L'Express" le SNPCA-CGC affirme que "quand bien même, le vent de l‘été serait passé par là…l’argument affligeant du « pas vu, pas pris », ne l'emportera pas...une fois la Justice saisie".

A "Médiapart" le SNPCA-CGC affirme que "l’enquête de Mediapart révélant ces  innombrables irrégularités" ne restera pas lettre morte et servira à coup sûr la Justice.  
Le recours "en deux volets" que dépose le SNPCA-CGC comme il l'a fait pour le volet France Télévisions de l'affaire Bygmalion, n'a que faire de certains "aboyeurs de meute" le qualifiant de "franc-tireur".

Le SNPCA-CGC ira jusqu'au bout pour garantir aux salariés de la télé publique autre chose que le naufrage, la faillite et sa disparition au profit d'une externalisation galopante.  
 
 
* "L’affligeant silence du PS dans l’affaire Ernotte"

Par Renaud Revel 
 
"L’attitude d’un PS atteint de cécité depuis l’apparition de ce délicieux et très estomaquant vaudeville qu’est la désignation, fantasque, de Delphine Ernotte à la présidence de France Télévisions, en dit long sur l’état de liquéfaction d’un parti qui ne sort pas grandi de cet épisode. A l’exception de Catherine Tasca, qui est à ce jour la seule à gauche à avoir pointé du doigt les anomalies de cet abracadabrant épisode, pas un parlementaire ou dignitaire du PS n’a émis le moindre son.
 
Interrogé la semaine dernière par votre serviteur, le président de la Commission des affaires culturelles à l’Assemblée, Patrick Bloche, qui a auditionné Olivier Schrameck sur le sujet, bottait en touche et ne trouvait rien à redire quant à ce simulacre : le très urbain député balaye ainsi d’un revers de main ce qu’il appelle une «non-affaire», ce au nom de l’argument affligeant du « Pas vu, pas pris »: faute de preuves, les allégations de la presse dénonçant quelques jolies magouilles ne seront demain que confettis, quand le vent de l‘été sera passé par là…

Il en est de même des parlementaires PS qui à mots couverts, quand on les interroge, exécutent sans sommation le CSA et son président. Mais une fois les micros ouverts, ils renvoient les journalistes à leurs élucubrations fantasmagoriques et protègent, pour des raisons de positionnement partisan et politique, un CSA que l’UMP voue aux gémonies et que Nicolas Sarkozy n’a pas épargné hier à la tribune des « Républicains ».
 
Rien n’a donc changé sous le soleil: l’audiovisuel public reste le terrain de jeu d’une gauche désarmante de médiocrité, inlassablement prisonnière de vieux réflexes hérités des années 80 : quand les sicaires de la Mitterrandie mettaient en coupes sombres des chaines tenues brides courtes, après que des petits marquis à l’Elysée aient dicté la marche à suivre aux membres de la Haute Autorité, d’abord et du CSA, ensuite.
 
François Hollande n’échappe pas à la règle qui s’est contre toute attente de cette tambouille, mais avec bien moins de succès que son illustre ainé, François Mitterrand. Lequel pilotait de son bureau le dossier France Télévisons avec plus de talent et de maestria. Le chef de l’État l’avait pourtant juré: volonté de rupture avec son prédécesseur, Nicolas Sarkozy, il n’interviendrait pas dans ces questions et laisserait au CSA toute latitude pour décider à sa guise.

Mais au fil des semaines on a vu un tout autre Hollande plonger ses mains dans cette marmite, épaulé de son cardinal Mazarin, en la personne de son secrétaire général Jean-Pierre Jouyet qui œuvra jusqu’au bout en coulisses dans ce dossier: François Hollande dressa des listes de PDG potentiels, écarta les uns, poussa les autres. Ses visiteurs qu’il testait lors de déjeuners le voyaient saluer les qualités de telle ou telle personnalité, occire telle autre.

Emanuel Hoog, PDG de l’AFP, fut biffé au nom de ses liens avec Laurent Fabius, Marie-Christine Saragosse, une femme de gauche présidente de France Médias Monde, fut envoyée au casse-pipe après qu’elle ait fait son siège, Denis Olivennes, patron d’Europe 1, fut rayé de ses tablettes en raison de ses relations avec Nicolas Sarkozy, Thierry Thuillier, le monsieur infos et programmes de France Télés, fut lui découpé en rondelles pour de mêmes accointances supposées. Quand Nathalie Colin, une cadre dirigeante de la Poste, copine du patron de Libération, Laurent Joffrin, que quelques malins bien mal inspirés mirent en piste, elle fut également vite écartée au nom de son pédigrée jugé trop pauvre. Et j’en passe.

 Un seul hic au tableau: l’illisible et incontrôlable Olivier Schrameck qui de son bunker de la Tour Mirabeau jouait au même moment une partition dont il était le seul, avec deux membres du CSA, Sylvie-Pierre Brossolette et Nathalie Sonnac, à connaitre le livret.


Ni Hollande, ni Jouyet, ni mêmes les principaux voltigeurs du PS, aux ordres du Château, - Julien Dray, le cabinet de Fleur Pellerin, l’équipe Valls-, n’ont vu arriver le camion Ernotte, au volant duquel officiait un ancien sherpa de François Hollande, un homme reconverti dans le «Name-droping» et la chasse de têtes de ses bureaus d’Orange, l’incontournable David Kessler.

N’épiloguons plus, la presse et l’auteur de ces lignes ont suffisamment ratissé le sujet : cette rocambolesque affaire restera marquée à jamais dans les annales.


Et c’est dans ce très joyeux contexte que Delphine Ernotte avance comme en terrain miné. Tiendra-t-elle sous la bourrasque? Rien n’est moins sure. Car à la colère des «Républicains» vient s’ajouter la montée en température des syndicats de France Télévisons qui n’attendent qu’un faux pas de celle-ci pour dégoupiller. L’un d’eux, le syndicat CGC Médias, déposera d’ailleurs une plainte dès mercredi. Le tout sur fond de carambolage financier attendu. On sait en effet que « France Télés » ne passera pas le cap de 2016…

Quelle sera l’attitude de l’Etat? L’Elysée, où on l’a saumâtre, et Bercy lui donneront-t-il un coup de pouce? Question: Sauveront-ils France Télévisions du naufrage et le soldat Ernotte de la noyade?"

¤ Pourquoi la télévision publique a-t-elle passé sous silence le scandale Ernotte ?

Pour quiconque voudrait vérifier que la télévision publique française souffre d’un manque terrible d’indépendance, l’affaire Ernotte fonctionne comme un révélateur. A ma connaissance, aucune chaîne de télévision publique ne s’est fait l’écho des irrégularités en cascade qui ont permis à une personnalité qui ne connaît strictement rien à ses problématiques d’être choisie par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) comme la future patronne de France Télévisions.

Toute muselée, toute prisonnière qu’elle soit du capitalisme de connivence à la Française, la presse écrite a évoqué ce scandale, qui en dit long sur l’anémie de notre démocratie.

Après l’enquête de Mediapart révélant ces irrégularités innombrables (Lire France Télévisions : la désignation de la PDG entachée et France Télévisions: la justice va être saisie du scandale Ernotte), plusieurs journaux, du Parisien jusqu’au Monde, ont eux aussi publié de longs articles documentés confirmant que la désignation de Delphine Ernotte s’était déroulée de manière irrégulière.

Mais sur les chaînes très nombreuses de France Télévisions, à ma connaissance, rien !

Pas le moindre écho. L’information était importante, mais les chaînes publiques ont préféré la taire. On observera, certes, que ces chaînes de télévision publiques sont malheureusement assez coutumières de ce genre de censure. Un seul exemple : même si la crise financière a révélé l’imposture de quelques économistes mondains qui, se présentant sous leur casquette universitaire, cachent qu’il siègent dans des conseils d’administration de grandes banques ou compagnies d’assurance, et vendent aux téléspectateurs toujours les mêmes recettes, celles du néolibéralisme, la télévision publique se rend le plus souvent complice de ces imposteurs. Il a longtemps suffit de suivre l’émission « C dans l’air » présentée par Yves Calvi, sur la 5 pour le mesurer : depuis des lustres, ce sont toujours les mêmes économistes qui y ont leur rond de serviette ; et on a tôt fait d’y oublier que l’économie n’est pas une science exacte, mais une branche des sciences sociales dont la richesse ne tient qu’à la diversité de ses approches.

Mais dans le cas de la procédure de désignation de la future PDG de France Télévisions, la censure – ou plutôt l’autocensure- prend un relief encore plus spectaculaire. Rien, pas un mot ! L’affaire Ernotte est tout simplement passée à la trappe.

Pour défendre mon enquête, pour expliquer le travail d’enquête que j’avais mené sur Mediapart, il n’y a donc eu que Thierry Ardisson sur Canal + qui m’en a offert l’opportunité, samedi, lors de son émission « Salut les terriens ». Merci donc aux Terriens ! Et pour celles et ceux qui souhaiteraient retrouver le passage de cette émission, je m’autorise à le publier ci-dessous. C’est à visionner à partir de 17’55’’.
 
Pour être complet, une autre émission, celle du « Tube » sur Canal +, le même jour, a aussi rendu compte des débats que soulevaient la désignation de Delphine Ernotte. Voici cette émission :

En somme, il a fallu se promener dans le paysage audiovisuel en dehors de l’empire France Télévisions pour être honnêtement informé.
 
Cette autocensure en dit donc très long sur les maux qui ronge la télévision publique. Car il y a, certes, le vice premier : l’affaire Ernotte est venu confirmer que la nouvelle loi qui encadre le CSA, organisant le huis clos, a permis que la désignation de la nouvelle présidente soit polluée par des embrouilles et des embûches  innombrables.
 
Mais ce n’est pas le seul des maux dont souffre la télévision publique. Comme par un effet de contagion, il y a les effets innombrables d’une caporalisation qui est à l’œuvre depuis toujours ; les effets d’un manque patent d’indépendance, qui conduit trop souvent les acteurs de cette télévision publique sinon à courber l’échine du moins à se taire.
 
Puis-je en donner une illustration ? Lors de cette même émission avec Thierry Ardisson, j’ai eu un bref échange, qui n’a pas été retenu au montage, avec l’animateur Frédéric Lopez, qui a semblé intéressé par ce que je racontais mais qui s’est dit dans l’impossibilité de commenter mes informations. Tout le monde a compris le sous-entendu : dans l’univers de France Télévisions, il ne serait pas toléré qu’un animateur ou un journaliste dise en liberté ce qu’il pense de l’avenir du groupe public.
 
C’est ici, pourtant, que commence le naufrage de France Télévisions. Pourquoi tout au long de cette affaire Ernotte n’a-t-on pas entendu la voix des Sociétés de journalistes ?
Ce que je vais dire est peut-être arrogant mais je le ressens comme une vérité essentielle : il n’y aura de télévision publique libre et honnête que si la loi qui l’encadre ne garantit réellement son indépendance, et aujourd’hui, nous sommes loin du compte ; mais aussi seulement si la collectivité des journalistes revendique haut et fort le droit imprescriptible des citoyens d’être correctement et honnêtement informés. Que cela plaise ou non aux puissances, quelles qu’elles soient…

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