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jeudi 9 juillet 2015

"Et si Delphine Ernotte, désignée présidente de France Télévisions le 23 avril, ne prenait jamais ses fonctions ?" s'interroge "L'Obs"

"LE PLUS" de "L'Obs" signé Francis Guthleben - consultant médias - dans un article particulièrement étayé, pose à présent la question "Et si Delphine Ernotte, désignée présidente de France Télévisions le 23 avril, ne prenait jamais ses fonctions ?"

Le journaliste de rappeler "Le 23 avril dernier, moins de deux heures après la désignation de Delphine Ernotte, nous avions écrit ici que cette procédure était un fiasco."

Le blog CGC Média vous propose de découvrir l’article intitulé:  "France Télévisions : la nomination de Delphine Ernotte contestée. Un scandale prévisible"

"Cette hypothèse est à envisager sérieusement, selon Francis Guthleben, auteur du livre "Scandales à France Télévisions". Le Conseil d'État pourrait se pencher dans les tous prochains jours sur la validité de la procédure. Explications.

Le 23 avril dernier, moins de deux heures après la désignation de Delphine Ernotte, nous avions écrit ici que cette procédure était un fiasco.

Après deux mois et demi de polémiques, voici la suite : selon des informations convergentes, le Conseil d'État pourrait se pencher dans les tous prochains jours sur la validité de la procédure qui a conduit à la désignation de Delphine Ernotte à la présidence de France Télévisions.

Un climat délétère

Le Conseil d’État pourrait invalider l'élection en invoquant une rupture égalitaire de traitement entre les candidats et ainsi obliger le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) à lancer dans l'urgence une nouvelle procédure de désignation d'un président de la télévision publique.

Le mandat de Rémy Pflimlin, actuel président, prend fin le 22 août et son successeur devait entrer en fonction dans la foulée. En attendant, Delphine Ernotte occupe déjà un bureau à France Télévisions, avec son directeur de cabinet et tente depuis des semaines de constituer son équipe. 

La polémique sur l'opacité de la procédure et les manœuvres qui ont pu avoir lieu en coulisses pour l'aider à obtenir le poste perturbent singulièrement ses recherches de cadres dirigeants. Plusieurs ont déjà décliné l'invitation en raison du climat général.

L'éventualité d'une invalidation va rendre sa position encore plus inconfortable et, dans tous les cas, jamais l'arrivée d'un nouveau président à la télévision publique n'avait eu lieu dans un climat aussi délétère.

De multiples plaintes

Le 2 juin, Didier Quillot, l'un des 33 candidats au poste, écarté de la procédure avant même les auditions alors qu'il est un professionnel reconnu de l'audiovisuel, avait porté plainte contre le CSA pour "abus d’autorité".

Le 8 juin, la CGC de France Télévisions avait saisi le Conseil d’État par un recours en annulation contre la décision du CSA portant nomination de la présidente de France Télévisions. La requête s’appuyait notamment sur le manque d’impartialité du CSA et l’opacité de la procédure. Le syndicat avait aussi déposé une plainte pénale pour abus d’autorité et trafic d’influence.

Le 10 juin, la CFDT de France Télévisions avait emboîté le pas en ajoutant deux griefs : l’absence de fondement de la nomination et le manquement au devoir de probité du CSA.

C’est sur le fondement des deux recours de la CFDT et de la CGC que le Conseil d’État serait en train d’engager un grand ménage. 

Un scandale prévisible

Dès le 5 février, alors qu’il participait à un débat au Sénat sur les enjeux de la nouvelle présidence de France Télévisions, Olivier Schrameck, président du CSA, s'était senti obligé d’apporter une précision alors que personne alors ne lui demandait des comptes. Le soupçon était déjà là. Voici en intégralité sa déclaration de l'époque :

"Les rumeurs selon lesquelles j’aurais établi une présélection ou fait appel à un cabinet de chasseur de têtes n’ont strictement aucune consistance. Y eussè-je seulement songé, que la certitude de l’illégalité d’une telle décision en eût détourné l’homme formé par le droit que je suis."

Le 9 avril, le sénateur Pierre Charon avait ensuite adressé une lettre à la ministre de la Culture, à laquelle il n'a d'ailleurs jamais eu de réponse. Il écrivait :

"Les modalités retenues ne semblent pas garantir la sérénité minimale qui doit entourer une nomination aussi importante (...). Sous prétexte d'impartialité et d'indépendance, il en ressort paradoxalement une impression d'opacité, partagée par de nombreux observateurs.  

En effet, les auditions du CSA se font à huis clos, sans même que le nom des candidats soit connu d'avance. Une telle confidentialité ne peut qu'entraîner une certaine perplexité, alors que pour cette catégorie de nomination la transparence est une modalité qui s'impose (...). Il est regrettable que les citoyens ne soient pas informés d'un débat aussi important sur l'avenir de leurs chaînes. Il lui demande ce qu'elle envisage pour remédier à cette situation ambigüe et équivoque qui rassure peu ceux qui sont attentifs à l'avenir de l'audiovisuel public."

Une affaire d’État 

Le jour même de l'élection de Delphine Ernotte, la sénatrice Catherine Tasca, ministre de la Culture de 1988 à 1991, dont le nom reste attaché aux décrets portant son nom sur les quotas de production et de diffusion audiovisuelle, était montée au créneau sur sa page Facebook avec un texte intitulé "Les mystères du CSA" :

"Saura t-on un jour ce qui a conduit le Conseil supérieur de l’audiovisuel à propulser à la tête de France Télévisions une femme d’une grande compétence managériale sans doute, mais étrangère à l’univers de la télévision d’hier et d’aujourd’hui, comme d’ailleurs il avait propulsé à la tête de Radio France un homme éloigné des métiers de la radio ? Saura t-on un jour comment une stricte égalité des voix – 4 contre 4 – s’est transformée miraculeusement en préférence pour Madame Ernotte ? Saura t-on un jour pourquoi de brillants conseillers de l’ombre ont engagé toutes leurs forces et leurs réseaux dans cette campagne souterraine ? Saura t-on un jour ce qui, dans les projets respectifs de Madame Ernotte et de Monsieur Josèphe, a finalement emporté l’adhésion du Collège ? Cela ne peut tout de même pas être l’explication caricaturale "elle est une femme, il est un homme". Resterons-nous sur ces interrogations ? (...)"

Si effectivement le Conseil d'État invalidait la procédure de désignation de Delphine Ernotte, il éviterait que les différentes plaintes qui ont été déposées donnent lieu à un grand déballage public et à un scandale encore plus énorme. Car ils sont nombreux maintenant ceux qui sont prêts à dire publiquement tout ce qui est raconté sous le manteau depuis des semaines.

Un échec pour Hollande

Une invalidation serait également l'aveu d'une faute majeure du CSA. Et dans quel état il sortirait de toute cette affaire.

Ce serait enfin, par ricochet, un échec politique retentissant pour François Hollande qui maintes fois s'est déclaré être le garant de l'indépendance du CSA et le Monsieur Propre dans les désignations des patrons de chaînes. "

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